La maison reconstruite

« L’une de mes connaissances, incapable d’associer le rêve et la réalisation, finit par connaître de grave problèmes financiers. Pire encore: il implica d’autres personnes, causant du tort à des gens qu’il ne voulait pas blesser.

Ne pouvant payer les dettes qui s’accumulaient, il en arriva à penser au suicide. Il marchait dans la rue un après-midi, quand il vit une maison en ruine.  » Cet immeuble, c’est moi », pensa-t-il.

A ce moment, il éprouva un immense désir de reconstruire cette maison. Il trouva le propriétaire , s’offrit pour faire les travaux – et le propriétaire accepta, bien qu’il ne comprît pas ce que mon ami allait y gagner.

Ensemble, ils allèrent chercher des briques, du bois, du ciment. Mon ami, travailla avec amour, sans savoir pour quoi ni pour qui, mais sentant que sa vie personnelle s’améliorait à mesure que les travaux avançaient.

Au bout d’un an, la maison était prête. Et ses problèmes personnels résolus. »

Paolo Coelho, comme le fleuve qui coule

Conte d’estime de soi

Tang était ouvrier dans un royaume d’Orient. Il travaillait le cuivre et fabriquait de magnifiques ustensiles qu’il vendait sur le marché. Il était heureux de vivre et avait une bonne estime de lui-même. Il n’attendait plus que de trouver la femme de sa vie.

Un jour, un envoyé du roi vint lui annoncer que celui-ci désirait marier sa fille au jeune homme du royaume qui aurait la meilleure estime de lui-même. Au jour dit, Tang se rendit au château et il se trouva au milieu de plusieurs centaines de jeunes prétendants.

Le roi les regarda tous et demanda à son chambellan de remettre à chacun cinq graines de fleurs, puis il les pria de revenir au printemps avec un pot de fleurs issues des graines qu’il leur avait fait remettre.

Tang planta les graines, en prît grand soin, mais rien ne se produisit, pas de pousse, pas de fleur.

A la date convenue, Tang prit son pot sans fleur et partit pour le château. Des centaines d’autres prétendants portaient des pots remplis de fleurs magnifiques et ils se moquaient de Tang et de son pot de terre sans fleur.

Alors le roi demanda à ce que chacun passe devant lui pour lui présenter son pot. Tang arriva, un peu intimidé devant le roi: « aucune des graines n’a germé votre Majesté », dit-il. Le roi lui répondit: « Tang reste ici auprès de moi! »

Quand tous les prétendants eurent défilé,  le roi les renvoya tous, sauf Tanf. Il annonça à tout le royaume que Tang et sa fille se marieraient l’été prochain. Ce fût une fête extraordinaire! Tang et la princesse devenaient  toujours plus amoureux l’un de l’autre. Ils vivaient très heureux.

Un jour, Tang demanda au roi, son beau-père: « Majesté, comment se fait-il que vous m’ayez choisi alors que mes graines n’avaient pas fleuri? »

 » Parce qu’elles ne pouvaient pas fleurir, je les avais fait bouillir durant toute une nuit: Ainsi, tu étais le seul à avoir assez d’estime de toi-même et des autres pour être honnête! C’était un tel homme que je voulais comme gendre! »